Avortement et Église Catholique

(Mis à jour en 2015)

Fin 2012, une jeune fille du foyer et deux de ses camarades de Première, m'ont demandé de leur parler, pour leur TPE sur l'avortement, du point de vue de l'Eglise Catholique sur ce sujet. Ça a été l'occasion d'un long dialogue, riche et plein de respect de part et d'autre.
J'ai essayé ici de rassembler l'essentiel de cet échange, en m'appuyant sur plusieurs sources (dont la principale était, je crois, catholique.org) - non sans y ajouter mon grain de sel - afin d'essayer de rendre le plus clair possible les raisons de la position de l'Église sur cette question qui n'a pas fini de secouer les consciences...
Trois points essentiels sont, à mon avis, à prendre en compte dans ce débat : qu'est-ce qu'une "personne" ? Comment en définit-on la dignité ? Être ou ne pas être désiré, telle est la question... ?
On notera que les raisons "religieuses" sont à peine invoquées... C'est que je suis convaincue que n'importe quelle personne de bonne volonté, intellectuellement honnête, peut, sans être croyant, être "logiquement" et "anthropologiquement" fermement opposé à l'avortement.


Aujourd’hui une grande majorité de Français est pour l’avortement légal perçu comme  un moindre mal, et même souvent comme un droit élémentaire et inaliénable de la femme. 

Attachée à la merveille qu’est la vie humaine dès son commencement, l’Église catholique s’y oppose fermement.

Rome incorrigible rétrograde ? Hostile au progrès en général et à la liberté des femmes en particulier ? S’opposer à l’avortement, n’est-ce pas irresponsable en restant insensible à la détresse de femmes qui ne peuvent pas garder leur enfant ?

Dans un premier temps, voyons les motifs « logiques » et anthropologiques d’être raisonnablement opposé à l’avortement.


“ Le droit d’avorter, n’est-ce pas pour une femme le droit de disposer de son corps librement, comme il lui plaît ? ”
Les femmes ont raison de tenir à leur liberté, en particulier celle de disposer de leur corps. Surtout quand ça les engage à vie ! Mais avorter ce n’est pas se faire arracher une dent : même tout petit, l’embryon humain est déjà (comme son nom l’indique !) un être humain ! Conçu d’un père et d’une mère il a dès la fécondation de l’ovule par le spermatozoïde une identité génétique à part entière. Si ce tout-petit-là – qui est absolument unique – est supprimé, il n’en existera pas de semblable à lui : les prochains seront ses frères ou sœurs, donc forcément différents...
Les droits d’une femme ne peuvent pas empiéter sur ceux d’un petit qu’elle porte... et dans le cas de l’enfant, il s’agit du premier droit inaliénable de l’être humain : vivre.

“ L’embryon est un être humain, oui, mais seulement après douze semaines. Avant cela il ne ressemble pas à un être humain... ”
Y a-t-il beaucoup plus de différence entre un embryon et un nouveau-né qu’entre un bébé et un homme adulte ? On ne peut tenir compte de l’apparence des êtres sans risquer de tomber dans l'eugénisme et le refus radical de la différence...
Est-ce que l’embryon devient subitement un être humain à la douzième semaine d’existence parce que la loi française se met à le protéger comme tel ? Prenons un exemple : imaginons que j’aie le droit d’avorter jusqu’au 11 janvier… Qu’est-ce que ça signifie ? …que le 12 janvier tout à coup l’embryon que je porte est une personne, alors que le 11, il ne l’était pas ? Devient-il soudain être humain alors qu’il n’était, quelques heures avant cela, qu’un vague amas de cellules ? Non, bien sûr. On voit bien qu’il y a là quelque chose que la raison humaine, si sa conscience n’a pas été trop obscurcie par une malhonnêteté intellectuelle et une mauvaise foi obstinées, ne parvient pas à accepter.
Sa vie humaine a vraiment commencé, il est tout simplement en train de grandir. Très vite d’ailleurs, car chez le tout petit, tout est à croître !

“ Il n’est pas un être humain, puisqu’il ne peut pas vivre sans sa mère, par lui-même ! ”
Un bébé de trois mois non plus ne peut pas vivre sans sa mère. S’il n’est pas nourri et protégé par les autres, il meurt. 

“ Oui mais avant que ce soit légal, cela existait déjà, il ne faut pas se voiler les yeux... Avant que l’avortement soit autorisé, beaucoup de femmes mouraient parce qu’on faisait ça mal... ”
Prenons un exemple parallèle : le cas de l’excision.
C’est une mutilation épouvantable, malheureusement encore très pratiquée en Afrique. Beaucoup de femmes meurent des suites de ce rituel, pour des questions de mauvaise hygiène dans l’intervention, d’hémorragie, etc. Si elle était pratiquée par des chirurgiens plutôt que par les « apprentis sorciers » des villages, il n’y aurait sans doute plus aucune de ces « morts accidentelles »… Alors, faut-il légaliser l’excision pour en sécuriser la pratique ?

“ Mais si la mère ne peut pas aimer son enfant, une fille violée, par exemple ? ”
Commençons par dire que, si cet exemple est le plus souvent avancé comme argument en faveur de l’avortement, il concerne en fait très peu de cas… selon les pays, moins de 0,15%, dans d’autres à peine 0,025%….
Il n'empêche  que le viol est un acte atroce. La femme qui en est victime, brisée, doit être soutenue, aidée, autant qu’il est possible. Toutefois le drame a été commis, et de cet acte sexuel qu’elle n’a nullement souhaité, est issu un petit être en croissance qui est déjà humain, donc infiniment respectable. Oui, son père est un criminel, bien sûr sa mère ne l’a pas désiré. Mais lui, ce petit, il n’y est pour rien. Il est innocent, et maintenant qu’il existe, il a le droit de vivre.
Le fait de causer du mal à une autre victime innocente, en plus de celui causé à la mère, n'est pas une réaction appropriée : les sanctions doivent s'appliquer au violeur et non à l'enfant.
Lors du drame d’un viol, on ne répare pas les souffrances en tuant un innocent. Personne n’a demandé à ce qu’il vienne, pas même lui (aucun enfant ne le fait), mais cela ne saurait justifier qu’on s’en débarrasse parce qu’il dérange. La femme qui a déjà subi le traumatisme du viol n’a pas besoin qu’on y ajoute celui de l’avortement.
Car l'avortement est toujours une blessure d’une incroyable profondeur (contrairement à ce que prétendent beaucoup qui ont intérêt dans la question - aux E.U. par exemple "l'industrie de l'avortement" représente 1 milliard de "chiffre d'affaire"... sans parler du trafic d'organes que pratique le Planning Familial [1]), car elle touche à la faculté de transmettre la vie qui est dans l’essence même de l’identité de la femme. On peut comprendre que la femme après avoir accouché ne puisse pas élever cet enfant qui lui rappelle son traumatisme. Si sa mère ne désire pas l’élever elle-même, nul ne peut le lui reprocher. Il existe la possibilité pour elle d'accoucher sous X, et ainsi rester anonyme et le confier à une famille qui voudrait élever un enfant. De nombreuses associations proposent aussi de trouver des familles d’accueil qui vont l’accompagner pendant sa grossesse et qui sont prêtes à garder l’enfant si, une fois le premier choc passé, elle ne se sent pas capable de le garder.

“ Mais cet enfant, qui commence si mal sa vie, il ne sera pas heureux ! ”
Qu’est-ce qui nous dit qu’il ne le sera pas ? D’abord, nous savons bien que nombreuses sont les personnes qui, par leurs circonstances, avaient « tout pour être heureuses », et pourtant ne l’ont pas été. Au contraire, d’autres, qui étaient plutôt « mal parties », ont tordu le cou à la fatalité et ont merveilleusement « réussi leur vie ». Pour vivre heureux, il faut d’abord vivre ! Ne pas lui donner cette chance, c’est opter pour l’extermination de tous les malheureux en décrétant à leur place que leur vie ne vaut pas la peine d’être vécue...

“ Pourquoi donner la vie à un enfant handicapé, sachant qu’il va souffrir ? ”
Il est faux de prétendre qu’un enfant handicapé est forcément malheureux. Et s’il est vrai qu’il va souffrir, ça ne justifie aucunement qu’on le tue. Nous passons tous par la souffrance à des degrés divers, sans que ça nous ôte le droit de vivre. La dignité de la personne handicapée, qui n’est aucunement atteinte par son handicap, interdit qu’on s’en débarrasse.
Est-ce que les personnes qui prétextent le bien de la personne handicapée pour justifier sa suppression sont vraiment honnêtes ? Ne s'agit-il souvent pas plutôt de leur propre bien être, qui craint d’avoir à s’occuper d’un plus faible, d’un "non-productif", d’un "poids" pour la société ?

“ Finalement, l’avortement est un problème uniquement féminin : les femmes restent seules au bout du compte devant la décision d’accueillir ou non l’enfant à naître ... ”
C’est souvent le cas hélas mais bien anormal car on oublie un peu vite qu’il y a exactement autant d’hommes que de femmes concernés par l’avortement. Il n’y a que dans les chansons de Goldman qu’on peut faire un bébé toute seule ! L’enfant n’est pas plus celui de la mère que du père. Autant que les femmes, les hommes ont le devoir d’assumer les conséquences de leurs actes et la femme doit exiger la responsabilité paternelle de celui qui s’est uni à elle.
Et vice-versa, l’homme ne devrait pas être exclu de cette décision, comme si elle ne le concernait pas. Même si malheureusement, à cause d’une aberration juridique, le père ne peut pas protéger son enfant de la décision que prendrait la mère d'avorter. Aberration qui repose sur l’idée aussi diffuse que scientifiquement fausse que "c'est son corps". Non, personne n’a jamais été « le corps de sa mère » ! Le petit qui grandit en elle, ce n’est pas « son corps ». (D’un point de vue juridique, en effet, si une femme décide d'avorter, l'homme ne peut s'y opposer, car il n’est considéré le père que d'un enfant né et n'a pas son mot à dire si "on" décide de supprimer son petit... il faut donc prendre aussi en compte ces situations, dans lesquelles le père veut s'opposer à un avortement mais ne le peut pas).

“ Quand malgré la lâcheté de son conjoint et l’incompréhension de son entourage une femme décide de garder un enfant qui arrive au mauvais moment, ne s’enlise-t-elle pas dans une détresse plus grande que n’aurait été celle d’un ‘IVG’ ? ”
A l’heure de devenir mère, qu’elle décide de confier son enfant ou de l'élever elle-même, une femme a besoin d’être aidée. Elle vivra des moments difficiles, mais tous doivent s’efforcer de ne pas la voir contrainte à l’irréparable pour des raisons matérielles. Ces tourments (réels) ne peuvent cependant pas effacer la vraie joie de donner la vie, d’être mère.
Les femmes qui songent à avorter méconnaissent bien souvent le drame psychologique que représente en fait un tel acte. Traumatisme aussi connu que coupablement caché aux femmes par de nombreuses équipes médicales, planning familial, etc. …sans parler des pressions que ceux-ci exercent bien souvent sur les femmes enceintes, soit parce que « vous êtes trop jeune… », « trop vieille », « risques de malformation », etc.)
Nombreux sont les témoignages de celles qui n’ont jamais pu oublier qu’elles étaient mères d’un petit qui n’avait jamais vu le jour... de celui ou celle qui aurait pu être là aujourd’hui… qui comptent secrètement pendant de nombreuses années : « Aujourd’hui, il aurait 4 ans… 9 ans… »… et qui ne peuvent voir un enfant dans sa poussette sans que cela ne ravive leur plaie restée ouverte.

L’enjeu essentiel du débat : l’embryon est-il ou non une personne ?

- Si tout le monde n’est pas d’accord sur ce point, au moins, tout le monde doit bien s’accorder sur le fait que cet embryon, dès le premier instant de sa conception est une « vie humaine » (de même que l’on parle de vie végétale, de vie animale, là il s’agit d’un « petit d’homme », c’est donc un humain, et il est en développement et croissance, il est animé, c’est ce qu’on appelle la vie). Personne ne peut donc nier que, dans l’avortement, c’est une vie humaine que l’on supprime. Toute la question est en fait de savoir si ce tout petit est une personne, c’est sur cela que reposent le débat, les désaccords, les différentes prises de position.
Il faudrait se poser plusieurs questions : Qu’est-ce qu’une personne ? Comment savoir quand on devient « personne » ? Quels sont les critères… ?
Pour un chrétien, dès le moment de sa conception, l’être humain, créé à image de Dieu, est une personne, et sa vie est sacrée dès lors qu’il existe.
Cela, en dehors de la foi, le chrétien ne peut pas le démontrer, c’est-à-dire que l’on ne peut prouver à personne que l’embryon est une personne. Mais de la même manière, impossible à celui qui soutient le contraire de le prouver.
Prouve-moi que ce petit être, à 2 jours, 3 semaines, 11 semaines… n’est pas une personne… Impossible.
(On voit d’ailleurs bien des incohérences sur cette question… La société, selon que ça l’arrange ou pas, considère l’embryon « enfant » ou « simple amas de cellules » d’une manière tout à fait aléatoire. Par exemple, dans le cas de l’avortement, c’est toujours un « amas de cellules », dépourvu de droits, d’égards et de compassion… et pourtant, lorsqu’il y a par exemple un accident de voitures – ou lors de l’attentat du 11 septembre – en parlant de la mort d’une femme, enceinte d’un ou deux mois, tout d’un coup l’on dit : une femme et l’enfant qu’elle portait ont trouvé la mort… ». Et tout le monde s’émeut. De même, sur certains paquets de cigarettes on trouve l’avertissement : « Fumer nuit à la santé de votre enfant », accompagné d’une belle photo d’embryon !
Quel est donc le critère : si l’on n’est pas désiré, on n’est pas une personne ? Seulement si l’on est désiré, on a droit à la vie ?).
- Si personne ne peut affirmer que l’embryon n’est PAS une personne humaine… est-il raisonnable de « prendre le risque » de tuer une personne ?
Un chasseur tirerait-il dans un fourré où il a vu bouger quelque chose s’il a le MOINDRE doute que cela puisse être une personne? Même s’il était presque sûr, à 98%, que ce n’est qu’un animal… il reste 2%... S’il tire alors qu’il a ce doute, c’est un meurtrier, au moins en puissance.
- Impossible donc de prouver, et même d’être sûrs, que cet embryon que l’on arrache du ventre de sa mère, n’est pas une personne.
Et on en revient à l’absurdité du « jour établi » par la loi. Le 12 janvier c’est une personne, mais le 11 ça ne l’était pas… Pourquoi ? Parce que la loi l’a décidé. Ah… ? Mais la loi n’est pas La vérité, et ce n’est pas parce que quelque chose est légal que c’est moral. « C’est permis, donc c’est bien. ». Non. Dans certains États, la peine de mort est légale. Dans certains États, les drogues sont légales. Dans certains États, la polygamie est légale. Dans certains États, la lapidation pour adultère est légale.
- Enfin, en imaginant que l’on arrive un jour à prouver que l’embryon, jusqu’à telle phase de son développement n’est pas une personne, il restera une chose certaine : si nous l’éliminons, il ne le deviendra jamais. Nous lui enlevons cette possibilité.
Avant d'être ce que nous sommes aujourd'hui, nous avons tous été embryons un jour. Impossible de devenir cette personne que nous sommes sans passer par la phase embryon. Si j’arrache la petite pousse, même encore souterraine d’un châtaignier, qui est déjà un grand-châtaigner-en-devenir, celle-ci ne le sera jamais. Avec l’avortement, tout le monde doit bien admettre que nous éliminons au moins « une personne humaine en puissance ». 

Quelle est donc la position de fond de l’Église sur l’avortement ?

  • L’enfant encore à naître, dès l’instant de sa conception, alors qu’il n’est encore qu’un tout petit embryon a droit à la même dignité (qui commence par le droit à la vie) que toutes les personnes humaines. Si l’on ne peut pas définir l’instant à partir duquel l’ovule fécondé est pleinement une personne humaine, il n’y a pas d’autre solution acceptable que de lui donner dès l’instant de la fécondation tous les droits d’une personne humaine.
  • L’Église est contre l’avortement car elle est toujours pour la vie et la protège inconditionnellement, surtout là où elle est la plus faible, fragile et vulnérable. C’est ce qu’elle fait tout au long de l’existence humaine (malades, personnes handicapées, vieillards, pauvres...). L’Église place la personne et sa dignité au centreLe droit à la vie est le premier droit de toute personne, c’est pourquoi ce droit doit être particulièrement protégé.
  • Tuer une personne est un meurtre. Considérant l’embryon dès le premier instant de sa conception comme une personne, L’Église ne peut donc être que fermement opposée à l’avortement. Et plus la personne assassinée est faible, plus le meurtre et coupable. Or, nul n’est plus faible qu’un embryon.
  • Il est utopique de chercher à avoir un monde sans guerre, injustice, violence, exclusion, torture, tant qu’on laissera se dérouler cette première des guerres, violence, injustice, exclusion, torture. Surtout qu’elle touche ici à ceux qui n’ont pas même leurs cris pour se défendre. Mère Térésa rappelait courageusement devant le Sénat Américain : "Quand l’enfant devient l’ennemi n° 1, alors tout homme est susceptible d’être mon ennemi à abattre. Que tous ceux qui ne peuvent garder leur enfant me le confient".

“ Mais lorsque la mère est en danger ? La mère doit-elle préférer sa vie ou celle de son enfant ? ”
Bien sûr, la vie d’un petit peut mériter tous les sacrifices, même le plus grand de tous. Mais quand l’Église nous annonce la beauté de la vie humaine dès son commencement, quand elle nous invite à la contempler et à la protéger courageusement, elle n’entend pas prendre à la place des personnes une telle décision.
Concrètement, l’Église ne dit pas que la vie de l’enfant doit être préférée à celle de la mère, donc, si par exemple une femme enceinte découvre qu’elle est atteinte d’un cancer, et que pour avoir la possibilité d’en guérir elle doit subir un traitement qui met en danger la vie de l’enfant, le couple a le droit de choisir qu’elle suive ce traitement.
En canonisant des personnes qui ont choisi de donner leur vie pour leur enfant (décidant d’attendre de mener la grossesse à terme pour commencer le traitement, afin que l’enfant vive, même si cela met alors en danger leur propre vie), l’Église n’entend pas exiger ce choix à ceux qui se trouvent dans cette situation, mais reconnaître un acte héroïque de don de soi pour le prochain, comme elle le fait dans le cas de personnes qui ont donné leur vie pour d’autres, par exemple dans les camps de concentration.


Enfin, on ne peut pas dire que l’Église considère l’avortement comme un péché extrêmement grave sans également rappeler que rien n’est au-delà de la miséricorde de Dieu, que tout peut être pardonné si ce pardon est demandé d’un cœur sincère.

Redisons aussi que nous savons bien que la plupart des femmes qui ont avorté ne l’ont pas fait de gaieté de cœur, mais ne sachant que faire d’autre, parfois avec des pressions immenses de la part de leurs familles et du corps médical.
Les chrétiens doivent être tout particulièrement solidaires et compatissants envers les personnes (hommes ou femmes) qui vivent dans l’amertume qui suit un avortement. Mais il ne s’agit pas de juger qui que ce soit : nombreuses sont les femmes aujourd’hui qui ont avorté sans savoir ce qu’elles faisaient, ou encore sous la pression de leur entourage. Proclamer la vérité n’est jamais condamner son prochain, mais lui ouvrir les yeux, et le libérer. Vérité et Miséricorde doivent toujours se donner la main.


Une précision... importante!

Il faut toujours distinguer – et il aurait fallu le dire en prélude – la personne de ses actes. Condamner l’acte, ce n’est pas condamner la personne qui l’a commis.

(cf. dans l'Evangile selon saint Jean [Jn 8, 1-11], la fin du dialogue de Jésus avec la "femme adultère": "Moi non plus, je ne te condamne pas ; va, et désormais ne pèche plus". C'est bien le péché qui est condamné, alors que la femme, elle, est pardonnée. En même temps qu'elle est donc exhortée à ne plus commettre le mal, elle est invitée, envoyée à une vie nouvelle...).
Il y a d’ailleurs plusieurs distinctions sur lesquelles il serait bon de s’arrêter, mais je me contente ici de les signaler.
Il faut distinguer :
- La personne/son acte (ex : la mère qui avorte / l’avortement).
- Les circonstances/l’enfant (Distinguer les « circonstances de la conception » de « l’objet de la conception », c’est-à-dire de celui qui en est le « résultat » et qui n’a aucune responsabilité dans les circonstances qui entourent son « arrivée ». Ex : Les circonstances des parents – pauvreté, etc. ; circonstances de la conception – enfant non désiré, viol, etc. ; circonstances du bébé à naître – malformation, etc. sont une chose. L’enfant, autant pourvu de dignité et de droit à la vie que tout être humain, en est une autre). L’enfant aurait-il moins de dignité, selon ses circonstances ? La dignité de chacun dépend-elle de ses circonstances ? De quoi dépend le droit à naître ?

“ Pour conclure ? ”

“ La vie humaine doit être respectée et protégée de manière absolue depuis le moment de la conception. Dès le premier moment de son existence, l’être humain doit se voir reconnaître les droits de la personne, parmi lesquels le droit inviolable de tout être innocent à la vie. ” (CEC, § 2270)

Avortement: extrait du catéchisme pour adultes


"L'avortement est, de loin, par le nombre, la manifestation la plus grave du mépris de la vie de l'innocent. "Dès le moment de sa conception, la vie de tout être humain doit être absolument respectée" (Donum vitae, introduction).
La culture, les conditions économiques et sociales jouent un rôle considérable dans le fait que des couples envisagent l'avortement comme une solution à des problèmes qui peuvent être très réels.
Cependant, il faut affirmer qu'objectivement l'avortement est un acte très grave. Le concile Vatican II affirme que l'avortement est un crime abominable (cf. GS 51) parce que Dieu, maître de la vie, a confié aux hommes le noble ministère de la vie et que, précisément, ils abusent de cette confiance en devenant les meurtriers de ceux dont ils sont appelés à être les protecteurs.
S'il existe des cas de détresse tragiques, les dispositions actuelles de la législation française contribuent, malgré leurs bonnes intentions, à obscurcir la conscience.
"C'est légal donc c'est moralement permis", pense-t-on trop facilement. La législation de l'avortement et la complaisance d'une partie du monde médical tendent à banaliser l'avortement dans l'opinion publique. L'avortement, même thérapeutique, n'entraîne pas moins la mort d'un innocent par le fait de ceux-là mêmes, parents et médecins, à qui il est confié.
Et c'est pour attirer l'attention sur la gravité de cet acte que le droit de l'Église fait encourir une "excommunication" (qui interdit la vie sacramentelle) à celui qui, le sachant et le voulant, provoque un avortement.
Le scandale de l'avortement exige de chacun les plus grands efforts pour changer les causes sociales et culturelles qui le provoquent.
C'est un grave devoir d'aider les femmes en difficulté et de soutenir ceux qui donnent aux familles les moyens d'assumer leurs responsabilités devant une vie humaine commencée.
C'est aussi un grave devoir d'accueillir avec charité les femmes qui ont connu l'avortement, afin de leur manifester la miséricorde de Dieu et de leur permettre un nouveau départ."
Les évêques de France, Catéchisme pour adultes, 1991 (n° 579)

POUR ALLER PLUS LOIN…

Textes et documents de référence sur l'avortement : 

Documents émanant du Vatican
  • Déclaration 'QUESTIO DE ABORTU' sur l'avortement provoqué
  • Instruction Dignitas personae, (diginité de la personne) sur certaines questions de bioéthique, 12 Décembre 2008, Congrégation pour la doctrine de la foi
  • Communiqué de l’Académie pontificale pour la Vie sur la "pilule du lendemain", 31 octobre 2000
Documents de l'Eglise en France

      Articles et documentation

      • Simples questions sur la vie, satifecit, 4ème partie, chapitres : "Et l’avortement ? Et après un avortement ? Et si notre enfant est handicapé ?"
      •  « Comment faire baisser le nombre des avortements en France ? », Interview de Anne Lannegrace, Directrice adjointe du Service national famille et société à la Conférence des évêques de France dans La Croix du 2 février 2010

      Il faut enfin citer http://www.ivg.net/http://www.sosbebe.org/ et http://www.alliancevita.org/2013/01/je-suis-enceinte/, sites et guides très complets d'aide aux femmes confrontées à l'avortement.

      [1] Et avec ça ? Un foie de foetus ?

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