Les Vignerons homicides et toi

(Mt 21, 33-43.45-46)

Une méditation de Sœur Olivia Désert, RMI (Milan, Italie)

3 Vigne - Menetou Jacolin
- Un homme.
Plus exactement le propriétaire d'un domaine.
- La vigne qu'il y plante, qu'il entoure de soins, puis qu'il loue à des vignerons.
- Quelques vignerons. Qui sont donc locataires.
- Les fruits que l'on attend... en particulier le vin !
- Les serviteurs... 
Etc.

Jésus plante le décor, présente les personnages, et encore une fois nous raconte une histoire pour essayer d'ouvrir nos coeurs - longs à comprendre et lents à croire - au Mystère de Sa venue et à l'Amour du Père.

Essayons de décrypter :

L'homme, le patron, c'est Dieu bien sûr.
La vigne, dans la Bible, c'est le peuple élu, la propriété particulière de Yahvé: Israël.
Les vignerons, ceux qui sont chargés de s'occuper de cette vigne, ce sont les chefs des prêtres.
Les serviteurs envoyés par le patron pour se faire remettre les fruits de la vigne : les prophètes, envoyés par Dieu*.
Le fils...? C'est bien sûr Le Fils : Jésus, qui sera en effet tué après avoir été préalablement "jeté hors de la vigne", sur le Golgotha, en dehors de Jérusalem.
"Finalement, il leur envoya son fils". Finalement : En dernier.
Jésus, comme nous le dit saint Jean de la Croix, est la dernière Parole du Père. Dans Son Fils, Il nous dit tout. Il ne peut nous dire plus**. 

Et les fruits, le vin ?
Reprenons l'histoire, et essayons d'aller plus loin... et de rappocher la Parole de Dieu de nos vies.

La vigne est donc louée. Le patron, confiant, la laisse entre les mains des vignerons, à leur libre arbitre et à leurs bons soins.
Mais voilà que surgit un problème : les vignerons veulent se l'approprier. Cela ne leur suffit pas d'être locataires. Ils veulent être propriétaires. Ils ne veulent avoir de comptes à rendre à personne. Et surtout, ils semblent vouloir garder pour eux tout seuls les fruits de la vigne, et boire tout seuls le vin de la fête !
Depuis Adam et Ève, l'homme a appris à se méfier de Dieu. À ne pas croire vraiment en Sa Bienveillance...
Mieux vaut que je m'arrange tout seul pour être bien servi, pour choisir moi-même ce qui est bon pour moi ! C'est plus sûr !

Ne la reconnais-tu pas cette fichue peur de manquer, cette espèce de main-mise sur le bonheur ?
Mais ne comprends-tu pas que cette poursuite égoïste et possessive de "ce qui peut te rendre heureux" te rend malade, obsessionnel compulsif, et produit l'effet contraire ?

Partage donc ton temps, tes talents, ce que tu es et possèdes, les "fruits" de ta vigne... de ta vie. Et ceux-ci se multiplieront !
Ouvre grand les portes au Christ, confie-Lui ta vie, sans peur... Et le vin de la joie ne tarira pas, il coulera en abondance, pour toi, et pour ceux avec qui tu le partageras !
N'aie pas peur de tout donner, "le Christ n'enlève rien, il donne tout" !***

Et pour avoir l'héritage, ne suivons pas les mauvais calculs de ces vignerons avides (et idiots ! - a-t-on jamais vu un héritage revenir aux assassins de l'héritier ?) !
Ne chassons donc pas le Christ de nos vies, mais au contraire, accueillons-le, ouvrons-lui quand il se tient à notre porte et qu'il frappe... Et vivons en Lui, pour être "fils dans le Fils", être enfants de Dieu... c'est bien cela le véritable héritage !

Prends, Seigneur, et reçois 
toute ma liberté...
Et donne-moi seulement de T'aimer !

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* "Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes, toi qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois j'ai voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n'avez pas voulu ! (Lc 13, 34)

** « Dès lors qu’Il nous a donné son Fils, qui est sa Parole, Dieu n’a pas d’autre parole à nous donner. Il nous a tout dit à la fois et d’un seul coup en cette seule Parole et il n’a rien de plus à dire ; car ce qu’Il disait par parties aux prophètes, Il l’a dit tout entier dans son Fils, en nous donnant ce tout qu’est son Fils. Voilà pourquoi celui qui voudrait maintenant l’interroger, ou désirerait une vision ou une révélation, non seulement ferait une folie, mais ferait injure à Dieu, en ne jetant pas les yeux uniquement sur le Christ, sans chercher autre chose ou quelque nouveauté ». (Carm. 2, 22, 3-5, paragraphe 65)

*** Cfr. BENOÎT XVI, lors de la ​Messe inaugurale d​e son​ Pontificat (24 avril 2005)
"En quelque sorte, n’avons-nous pas tous peur – si nous laissons entrer le Christ totalement en nous, si nous nous ouvrons totalement à lui – peur qu’il puisse nous déposséder d’une part de notre vie? N’avons-nous pas peur de renoncer à quelque chose de grand, d’unique, qui rend la vie si belle? Ne risquons-nous pas de nous trouver ensuite dans l’angoisse et privés de liberté? Et encore une fois le Pape (Jean-Paul II, dont Benoît XVI commente les paroles «N’ayez pas peur, au contraire, ouvrez tout grand les portes au Christ») voulait dire: Non! Celui qui fait entrer le Christ ne perd rien, rien – absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande. Non! Dans cette amitié seulement s’ouvrent tout grand les portes de la vie. Dans cette amitié seulement se dévoilent réellement les grandes potentialités de la condition humaine. Dans cette amitié seulement nous faisons l’expérience de ce qui est beau et de ce qui libère. Ainsi, aujourd’hui, je voudrais, avec une grande force et une grande conviction, à partir d’une longue expérience de vie personnelle, vous dire, à vous les jeunes: n’ayez pas peur du Christ! Il n’enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ – et vous trouverez la vraie vie". 

Amen!

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